L'archerie existe depuis des millénaires et chaque période de l'histoire à son arc. Le Moyen-Age a pour particularité d'être la dernière période pendant laquelle l'arc est encore utilisé comme arme militaire. Il sera supplanté à la Renaissance par les armes à feu.
Vous trouverez ici tous les arcs utilisés durant le Moyen-Age en occident, ainsi que la plupart des flêches. L'histoire évoque de grandes batailles pendant lesquelles l'arc a fait la différence et témoigne d'un certain développement technologique autour de son utilisation.

Au cours du Moyen-Age il y a eu divers types d'arcs aussi bien par leurs moyens de fabrication que par leurs origines géographiques. En fait, les arcs ont peu évolué dans la forme mais surtout dans la méthode de fabrication.
Nous allons vous présenter ici les principaux arcs que l'on pouvait trouver au Moyen-Age
L'arc était surtout un outil de chasse pour les Gaulois et les Celtes. Ce sont les Danois qui introduisirent l'arc (dit court) en combat.


  • Le grand arc en if (Long Bow)

L'arc en if présente cette particularité paradoxale d'être un arc simple, façonné dans un matériau d'une seule pièce, et de secomporter comme un arc composite. En effet, l'if est mis en forme de telle sorte qu'il comprend une partie d'aubier (au dos) et une partie de coeur (cafe interne). L'aubier travaille en extention et le coeur en compression. Leurs propriétés se complètent et confèrent à cette arme des qualités balistiques bien supérieures aux arcs simples tirés d'autres essences.
Le "Longbow" a été produit en dizaines de milliers d'exemplaires, mais aucun n'est parvenu en bon état jusqu'à nous. Contrairement aux arbalètes, armes coûteuses, souvent richement décorées, fièreté des musées et des collectionneurs, les arcs n'avaient aucune des qualités décoratives qui incitent leur propriétaire d'armes à les accrocher au-dessus de leur cheminée.
En 1841, la découverte de l'épave de la « Mary-Rose », navire coulé en 1545 à l'embouchure de la Tamise, permit de mettre au jour des ébauches d'arcs en if. Conservées au musée de la Tour de Londres. Ces morceaux d'if brut mesurent 192 cm de longueur et 11 cm de circonférence. Cela ne donne pas les cotes exactes des armes terminées, ni les proportions relatives de cœur et d'aubier.
On ne peut reconstituer les véritables origines du "longbow", mais on possède de bonnes preuves qu'il était utilisé au sud du Pays de Galles dans la deuxième moitié du XIIè siècle. Le chroniqueur gallois Giraldus Cambrensis cite à plusieurs reprises Gwent et Moganwg comme étant d'excellents archers. Au siège d'Abergavenny (1182), leurs flèches traversèrent une lourde porte en chêne de 10 cm d'épaisseur. Les traits y furent laissés, comme objets de curiosité, et Giraldus lui-même les vit six ans plus tard, en 1188, alors qu'il visitait le château, et constata que leurs pointes de fer dépassaient le de la face intérieure de la porte. Le "longbow" était également dans les mains des archers gallois qui accompagnèrent les Normands dans la conquête de l'Irlande, en 1171. Les Irlandais, quant à eux, en étaient restés à l'usage de l'arc court.
Au sujet de cette campagne d'Irlande, Giraldus décrit le premier contingent, sous les ordres de Robert Fitzstephen, et composé de 90 cavaliers en cotte de mailles et de 300 archers à pied. Cette combinaison de cavaliers et de fantassins armés de l'arc se révéla irrésistible.

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  • L'arc composite oriental (Turquois/Sino-mongol)

L'Asie fut sans aucun doute le berceau de l'arc composite. Mais nous ne pouvons reconstituer ses origines que sur des déductions et des suppositions. Le premier texte mentionnant l'arc date de 500 avant J.C. Il s'agit de L'Art de la guerre, de Sun Tzu. Mais le général chinois ne traite de l'arc que dans son utilisation tactique et stratégique.
Il faut attendre 1637 et la parution du Tien kung k'ai wu (Traité de technologie), de Sung Ying H'sing, pour avoir enfin une description détaillée de l'arc chinois. La technique de tir, originaire d'asie et commune à tout utilisateur d'arc composite court, implique la pratique de la compréhension mongole. Celle-ci consiste à tendre la corde avec le pouce, vérouillé par l'index, parfois aidé du majeur et de l'annulaire. Pour protèger le pouce des effets de la friction de la corde, les chinois utilisaient des anneaux, cylindriques ou comportant un méplat, et façonnés en divers matières (corne, bronze, ivoire, jade, etc.).

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A l'abri des regards indiscrets, sur des terrains de manœuvres inaccessibles aux étrangers, les abords du désert de Gobi, les Mongols développèrent une armée et une école de guerre particulièrement avancées pour l'époque. La stratégie comprenait une "cinquième colonne" pratiquant l'espionnage, la propagation de fausses nouvelles et l'exploitation psychologique de la terreur.
Avec un sens aigu du soutien logistique, ils démontrèrent que la cavalerie pouvait se libérer du rattachement à une base permanente. Capables de survivre en pays hostile qu'ils appelaient "terrain sérieux", ils inventèrent les rations militaires à base de viande séchée et de lait caillé séché. Les Mongols étaient entraînés à se contenter de peu en campagne. Si l'arme tactique des Mongols était, comme celle des Huns, le puissant arc composite, leur équipement était plus élaboré. La dotation de deux arcs par homme s'explique aisément. L'arc mongol n'était pas une arme primitive pouvant être réparée en campagne. Le fabricant et fournisseur, resté aux abords du Gobi, était souvent à plusieurs milliers de kilomètres de distance.
Le simple fait de bander ce type de composite fortement réflexe est une opération délicate, nécessitant l'utilisation d'accessoires encombrants, et généralement la participation de deux hommes. La rupture d'une corde en pleine action aurait eu pour conséquence la mise hors de combat de l'archer cavalier qui n'aurait possédé qu'un arc.
Lorsque les Mongols partaient pour de longues campagnes, les chevaux de remonte portaient, entre autres, des arcs de rechange et un complément de provision de flêches. Le nombre d'arcs et de flêches fabriqués par les Mongols à cette époque a dû être énorme !
Confectionné avec soin, l'arc composite mongol présentait un haut degré de finition. La puissance de cette arme allait de 70 à 160 livres. Produit artisanal, l'arc n'était pas standardisé, ce qui eût été ni possible, ni souhaitable. Les arcs les plus puissants pouvaient tuer à 400 m et percer l'armure européenne à 200 m. La portée maximum était de 500 m, mais à cette distance, la flêche n'avait plus de puissance de choc.
Une flêche lancée ne pouvait être récupérée que dans des conditions de combat particulièrement favorables. Quand l'ennemi s'abritait derrière des murailles ou tenait sur le terrain une position ferme, la récupération des munitions était impossible.
La provision portée par le cavalier était de 60 flèches. Pour une expédition lointaine, ce nombre était au moins doublé, la réserve étant portée par les montures de rechange. On peut donc calculer qu'un tuman (unité tactique de la cavalerie mongole comprenant 10 000 hommes) partant pour une longue chevauchée emportait un million deux cent mille flèches!
Les invasions mongoles apportèrent à l'est de l'Europe et au moyen orient cet arc composite rebaptisé "arc turquois".

Dans l'histoire, l'arc a fait pencher la balance en faveur de certains camps lors de grandes batailles, en voici quelques-unes.



  • La bataille d'Hastings (1066)

En 1066, à la bataille d'Hastings, l'heure de vérité sonna à l'issue de la confrontation de deux types d'arcs: le court, probablement Danois, et le grand, le long, dans les mains des normands.
Le 14 octobre, les deux armées se rencontrent à 10 km au nord-ouest d'Hastings. L'armée de Guillaume était composée de 2000 cavaliers normands et de 3000 fantassins, dont des archers normands, bretons, français et flamands. Harold disposait de 6000 fantassins dont une majorité avait été recrutée localement, les Fyrdmen.
Les Anglo-saxons avaient pris position sur une colline flanquée de marécages, où la cavalerie normande ne pouvaitévoluer. Les hostilités commencèrent à 9 h: les archers normands avancèrent en bon ordre et décochèrent leurs flêches à 60 m de la paroi formée par les boucliers de la garde d'Harold.
Les conditions de tir étaient défavorables : les Normands, au pied de la colline, devaient corriger leur visée en fonction de la différence de niveau. Par ailleurs, l'infanterie d'Harold comprenant peu d'archers, les Normands ne pouvaient réutiliser les munitions envoyées par l'ennemi, pratique courante dans toutes les guerres médiévales. L'infanterie lourde et les chevaliers établirent le contact avec la phalange saxonne, sous une pluie de lances, de javelots et d'armes de toutes sortes, y compris des haches et des pierres liées à des morceaux de bois.
Cette furieuse mêlée dura toute la matinée et, vers 11 h 30, les archers de Guillaume, faute de flêches, se trouvèrent au « chômage technique ». Les Bretons de l'aile gauche décrochèrent, poursuivis par l'aile droite d'Harold, désobéissant aux ordres formels de ce dernier. Une partie de la cavalerie bretonne s'enlisa dans les marécages, et, dans la confusion, Guillaume lui-même fut désarçonné.
La rumeur de la mort de Guillaume courut dans les rangs des Normands, dont le moral était au plus bas. A ce moment critique, clairement décrit par la tapisserie de Bayeux et par Guillaume de Poitiers, Harold eut sa chance.

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En ordonnant un assaut général, il aurait pu aisément prendre possession du terrain. Son hésitation lui fut fatale. Guillaume enfourcha un autre cheval, ôta son casque afin d'être reconnu de ses troupes, et réorganisa son armée. Il prit la tête de plusieurs assauts de cavalerie, mais ne parvint pas à rompre le rempart de boucliers des fantassins saxons.
Enfin, vers 15 h 30, un convoi de ravitaillement apporta aux archers normands une provision de flêches. C'est alors que Guillaume eut une idée de génie. Il ordonna à ses archers de tirer haut en l'air, de manière à ce que les flèches retombent verticalement sur l'ennemi :

Quant li saètes revenaient,
Desoz les testes los chaieient,
Chiefs et viaires los percoent,
Et a plusors les oils crevoent,
Ne n'osoent les oils ovrir
Ne lor viaires rescovrir.

Quand les flèches revenaient,
Sur les tètes elles tombaient,
Chefs et visages elles leur perçaient,
Et à plusieurs les yeux crevaient,
N'osaient ouvrir les yeux
Ni découvrir leur visage

A 16 h, les Anglo-saxons, ayant placé leurs boucliers au-dessus d'eux pour se protéger des traits meurtriers, présentaient un flanc vulnérable à l'assaut des Normands. Harold périt, soit d'une flèche dans l'œil, soit d'un coup de sabre asséné par un cavalier normand.
Ce jour mémorable marque, pour le grand arc, le début d'une carrière longue de plusieurs siècles, riche en prouesses, hauts faits d'armes et aventures diverses.
Un point, toutefois, reste obscur ; Le grand arc normand était-il déjà le fameux "Longbow" ?



  • La Bataille de Sluys (1340)

Trois ans plus tard, en 1340, eut lieu la bataille de Sluys (Sluis, appelé parfois L'Ecluse, maintenant à l'intérieur des terres).
Au petit matin du 22 juin, la flotte anglaise quitta Harwich et rencontra la flotte française au mouillage, à l'entrée du port de Sluys. Les forces anglaises se montaient à 147 bateaux répartis en trois escadres, sous les ordres de sir Robert Morley, du comte de Huntingdon et du comte d'Arundel. Face à eux, 190 bateaux français portaient près de 35 000 hommes, dont un corps d'arbalétriers génois.
Les Français étaient handicapés par le partage du commandement entre deux amiraux, Hue Quiéret et Pierre Béhuchet, transfuges de l'armée de terre, et un coureur de mer professionnel génois, nommé Barbavera (ou Barbanero selon d'autres chroniques). II semble que ni Quiéret ni Béhuchet ne possédaient la moindre notion de tactique navale. Ils avaient disposé les bateaux en quatre lignes, et attendaient l'attaque, comme pour un combat terrestre.
Seul, Barbavera quitta le port avec 24 galères pour tenter une attaque. Le commandement anglais semblait hésiter, ce qui réjouit les Français. En fait, ils attendaient la marée !
La bataille commença par l'entrée de l'escadre de Morley dans le port. Les trompettes sonnèrent, les tambours roulèrent, les Anglais crièrent "Saint-George", les Français "Mont-joie-Saint-Denis", et une pluie de flêches arrosa le pont des vaisseaux français.
Certains traits étaient armés de pointes en forme de croissant, ou de ciseaux ouverts, destinés à couper les cordages et les gréements.
Un des premiers bateaux capturés par les Anglais fut le Christopher, pris par les Français peu de temps auparavant. Pluies de flèches et abordages alternés eurent raison des vaisseaux français les uns après les autres. Les chiffres des pertes subies dans cet engagement varient selon les chroniques. En faisant une moyenne, on peut estimer que les Français perdirent 10 à 12000 hommes, et les Anglais 4000.
Le seul Français qui osa apprendre à Philippe VI la triste nouvelle de la perte de sa flotte fut son bouffon.
Entrant dans le salon du roi, il s'écria: "Les Anglais sont peureux ! Ce sont des couards au cœur faible !" Le roi lui en demande la raison, et le bouffon poursuivit : "Ils n'ont pas osé sauter de leurs bateaux dans la mer, comme l'ont fait les courageux Français !"



  • Azincourt (1415)

Le 24 octobre, Henri V et une armée de 10 000 hommes traversèrent la Ternoise. Les hommes de l'avant-garde, ayant gravi l'autre côté de la vallée, se trouvèrent en vue d'Azincourt. Ils apèrçurent l'armée française, environs 25 000 hommes, occupant le plateau entre Azincourt et Tramecourt, où passe la route de Calais.
Henry ne disposait plus que de 6 000 hommes (5 000 archers et 1000 hommes d'armes). Il avait laissé une garnison à Harfleur et la dysentrie éclaircissait encore ses rangs. Prenant position devant le village de Maisoncelles, le roi fit mettre ses gens en ordre de bataille, sous la fine pluie d'octobre. Le soir tomba sans qu'aucune action n'ait été tentée de part et d'autre.
Les Anglais allèrent bivouaquer tant bien que mal à Maisoncelles. De là, ils percevaient les rumeurs du camp français où les soldats menaient joyeuse vie, sûrs de vaincre aisément le lendemain.
Henry ne dormit pas beaucoup. Il allait et venait, veillant au maintien de l'ordre et de la discipline, s'entretenant avec les sentinelles et hommes de garde.
A trois heures, la lune se leva et la pluie cessa. Toute l'armée anglaise fut sur pied. Les hommes reprirent les positions occupées la veille, et l'aube se leva sur ce 25 octobre 1415, fête de Saint Crépin.
Après avoir entendu la messe, Henry, en tenue de combat mais tête-nue, parcourut le front de ses troupes, sur un palefroi gris. Il encourageait ses hommes qui répondaient par des vivats. Aux archers, il rappela qu'à la prise de Soissons, quelques mois auparavant, les 300 archers de la garnison furent pendus par les Français.
Ces hommes savaient parfaitement que, ne pouvant être rachetés par rançon, ils seraient impitoyablement massacrés en cas de défaite. Eussent-ils survécu, qu'ils risquaient encore l'amputation de trois doigts de la main droite, traitement que les Français infligeaient parfois aux prisonniers anglais soupçonnés d'être des archers.
David Gam, capitaine gallois, partit en reconnaissance. A son retour, son rapport au roi fut bref :
"II y en a suffisamment à tuer, assez à faire prisonniers et assez pour s'enfuir!"
Les lignes anglaises présentaient la formation devenue habituelle : les hommes d'armes, à pied, au centre, flanqués par les archers. Le roi commandait le centre, Edouard, duc d'York, l'aile droite, et lord Camoys l'aile gauche. Chaque archer avait un pieu, ou «peuchon», de 1,50 m à 1,80 m de longueur, aiguisé aux deux extrémités, qu'il plaçait devant lui, fiché en terre et tourné du côté de l'assaillant, pour se garantir de l'approche de la cavalerie. L'aspect des yeomen manquait quelque peu de panache.
Lefèvre de Saint-Rémy nous les décrit de façon assez détaillée :
"lesquels archiers anglois, la plus grant partie sans armeures en leurs pourpoins, leurs chausses avallées, ayans haches et congnies pendans à leurs chaintures ou longues espees, les aucuns tous nuds piez, et les aucuns portoient hunettes ou cappelines de cuyr bouilly, et les aucuns d'ozières sur îesquelz avaient une croisure de fer".
En effet, certains d'entre eux ôtèrent leur jaque dans le but d'avoir plus de liberté de mouvement, mais de nombreux autres s'étaient dévêtus jusqu'à la ceinture (à partir du bas) afin de n'être point gênés par les effets de la dysentrie.
Les Français, disposés sur trois lignes, étaient à pied, sauf une partie de la troisième ligne et deux corps de 600 cavaliers qui flanquaient la première ligne. Pris comme dans un étau entre le bois de Tramecourt et le bois d'Azincourt, les Français étaient si serrés qu'ils pouvaient à peine manier leur arme. Leur front s'étendait sur 800 m. 900 mètres à peine séparaient les deux armées, qui s'observèrent pendant quatre heures.

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Henry réalisa que sa seule chance était d'obliger le gros de l'armée de Charles à attaquer. A 11 heures, il donna l'ordre d'avancer jusqu'à portée d'arc maximale. Le cri : "Advance, banners !", parcourut la ligne anglaise. Sir Thomas Epingham, commandant en chef des archers, répéta l'ordre. Les pieux furent arrachés du sol bourbeux, et la troupe se mit en marche, assez lentement pour ne pas essouffler les hommes en armures. A l'ordre d'arrêt, les pieux furent à nouveau disposés et plantés. Les premières volées furent accompagnées de cris de guerre poussés par les archers, en partie pour se donner du courage, en partie pour dissiper l'engourdissement de l'attente.Les Français ne purent riposter à l'avalanche meurtrière. Le corps des arbalétriers se trouvait relégué à la troisième ligne, et ne pouvait intervenir.
Les corps de cavalerie, placés aux ailes, avancèrent enfin, aussi vite que le permettaient les muscles des chevaux raidis par le froid et l'immobilité. Les hommes d'armes s'ébranlèrent à leur tour, s'enfonçant dans la boue jusqu'aux chevilles, allant à la rencontre des flêches anglaises.
Pendant cette action, Henry apprit que ses chariots à bagages, peu gardés faute de troupe disponible, venaient d'être mis à sac par une de ces bandes de pillards et détrousseurs de cadavres qui rôdaient autour des armées de l'époque.
Cette nouvelle menace sur ses arrières, ajoutée à l'assaut de la ligne française suivante, lui fit prendre une tragique décision : il décida de se débarrasser des captifs qui commençaient à devenir encombrants.
Ordre fut donc donné à tous ceux qui détenaient des prisonniers de les occire. Les Anglais hésitaient, non par sentiment humanitaire, mais parce qu'ils voyaient s'évanouir de belles rançons. Henry désigna alors un chevalier et deux cents archers pour exécuter l'ordre (et les prisonniers, bien entendu).
Une nouvelle vague d'hommes d'armes atteignit les lignes anglaises. Henry mit pied à terre, dégaina son épée et entra dans la mêlée. Il repoussa le duc d'Alençon qui venait de frapper le duc de Gloucester avec une hache. Dans l'action, il reçut un coup qui emporta une partie de la couronne qui ornait son heaume.
La bataille faisait rage, particulièrement autour du roi, mais les hommes d'armes, alourdis par leur armure, fourbus d'avoir piétiné dans la boue, succombaient sous les coups des Anglais peu vêtus, qui esquivaient avec agilité haches et masses d'armes.
La dernière ligne française, bien que fraîche et dispose, à la vue des cadavres qui s'amoncelaient dans la plaine, choisit de se retirer sur la pointe des pieds !
Les pertes françaises, estimées à 10 000 hommes, comprenaient la fine fleur de la noblesse : le Connétable de France, le commandant en chef Charles d'Albret, le duc d'Alençon, le duc de Brabant, le duc de Bar, de nombreux comtes et chevaliers. Parmi les prisonniers, (il y en eut tout de même !), se trouvaient le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, le comte Arthur de Richemont, le maréchal Boucicaut... Les Anglais perdirent 1 500 hommes, dont le duc d'York et le jeune comte de Suffolk.
Des hérauts d'armes français vinrent parlementer pour enterrer les morts. Henry interpela l'un d'eux, un certain Mountjoy, et lui demanda :
"A qui est cette victoire ?
- A vous, Sire !
- Et quel est ce château que l'on aperçoit là-bas?
- C'est le château d'Azincourt, Sire.
- Alors, conclut le roi, que cette bataille soit désormais connue sous le nom de bataille d'Azincourt !"

Il existe plusieurs techniques d'utilisation d'arc, souvent en fonction de l'origine du tireur (gallois, danois, turc, chinois, etc...), de son arc (longbow, sino-mongole, turquois,etc...) et de la fonction du tireur (Chasseur, archer militaire au sol, cavalier archer, etc...). Nous allons vous présenter ici les diférentes techniques de prise de corde ainsi que les différents types de flêche que l'on pouvait trouver au Moyen-Age, car si les arcs ont peu évolués, les flêches elles ont beaucoup changé en fonction des besoins

  • Préhension de corde
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Au Moyen-Age, les archers occidentaux utilisaient deux méthodes de préhension assez similaires. Ces méthodes ont la particularité de tenir la flêche sur la corde et non la corde elle-même. Elles sont appelées "méthode de préhension primaire (A)" et "secondaire (B)". La méthode secondaire était surtout utilisée par les archers à cheval car elle permettait de connaître l'angle que formait la corde avec la flêche et ainsi savoir si la traction est suffisante. En effet, à cheval l'archer tirait souvent au jugé ou sans visée directe.

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La "méthode tertiaire (C)" est une légère variante de la méthode secondaire utilisée par les archers usant d'arcs orientaux. Cette méthode était surtout utilisée par les Russes et les Hongrois qui s'étaient équipés d'une variante de l'arc mongol appelée: "arc turquois". Elle descendait directement de la méthode sino-mongole.
La "méthode méditéranéenne (D)" etait utilisée au Moyen-Orient. Cette méthode impliqua une révolution technique sur la flêche: l'encoche fixe, qui permet de tenir la flêche sur la corde sans la maintenir. Elle est encore d'actualité au sein des archeries.

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La "méthode mongole (E)" consiste à tendre la corde avec le pouce, vérouillé par l'index, parfois aidé du majeur et de l'annulaire. Pour protèger le pouce des effets de la friction de la corde, les chinois utilisaient des anneaux, cylindriques ou comportant un méplat, et façonnés en divers matières (corne, bronze, ivoire, jade, etc...)

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Anneau de pouce en jade avec méplat
  • Fers de flêches
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